Mise en situation à Hendaye

Le principe de cet après-midi : éducateurs des associations, patients atteints des différents handicaps, élus – un bon tiers du Conseil municipal –, et différents acteurs des services techniques vont se diviser en trois groupes à travers la ville, afin de tester in situ les problèmes inhérents à l’accessibilité dans la commune. L’un des groupes teste le bus vers le Nid Marin, deux autres partent à pied : direction le cinéma ou la gare.

Des difficultés dès le départ Les élus, sur des fauteuils roulants, les yeux bandés ou un casque sur les oreilles, vont devoir se confronter au quotidien des handicapés. Et il ne faut pas très longtemps pour voir émerger le premier écueil. Le maire Kotte Ecenarro, sur un fauteuil roulant, a tout le mal du monde pour entrer dans l’église. Ça relève de l’épreuve de force. « C’est un premier exemple de ce qui ne va pas », confie-t-il un poil grimaçant. Annie elle, handicapée, ne peut carrément pas entrer avec son fauteuil électrique. La porte n’est pas assez large. Certains passages du trottoir sont trop irréguliers. Elle explique :

« Sur le seuil de certaines portes, rien qu’une toute petite bande de béton pour nous créer une pente de 2 centimètres suffirait à nous faciliter grandement la vie. »

Pour monter dans le bus, alors que la pluie battante s’est invitée, en fauteuil, là aussi c’est compliqué. Une fois à l’intérieur de la navette, Véronique, atteinte de cécité depuis douze ans, remercie Martine Ansault : « Heureusement que vous nous expliquez le déroulement du parcours, parce que dans cette navette habituellement, il n’y a aucune aide auditive ! »

Pour les sourds et malentendants, Laëtitia, interprète en langage des signes, interpelle : « Dans les transports, nous n’avons pas trop de problèmes. Mais c’est à l’intérieur des locaux. Il manque des signalétiques visuelles et des traductions en langage des signes, notamment pour tout ce qui concerne la vie municipale. Il y a-t-il des traductions lors des élections par exemple ? »

Conformité obligatoire

En fin de journée, tous les acteurs vont se retrouver dans la salle du conseil pour échanger. Au travers du périple de chacun et de ses différents avatars, la conclusion sera la même pour tous. Hendaye est très en retard dans l’accessibilité. La conseillère au centre d’appui économique et social Claire-Legardinier témoigne : « Avec le casque sur les oreilles, je me suis sentie isolée. Parfois, ça tanguait. Lors du retour en fauteuil, je me suis aperçue qu’Hendaye était terriblement en pente. Les voitures garées sur les trottoirs rendent le trajet difficile. Il y a beaucoup d’embûches, beaucoup de travail à faire. »

Jean-Michel Arruabarrena, en charge de la jeunesse et des sports, est rentré avec le bandeau sur les yeux et le chien en laisse. Il s’est senti « complètement perdu pour traverser sur les passages piétons, à cause du manque de repères ».

Tous se sont impliqués, même avec les conditions météo difficiles. Martine Ansault Lecuona, remerciée par les participants pour cette initiative, souligne : « L’action était nécessaire pour que l’on se rende bien compte des situations des personnes qui rencontrent des difficultés. »

Place désormais à l’action. « La loi nous impose de nous mettre en conformité d’ici les trois ans. Nous allons mettre en place l’Ad’AP, l’Agenda d’accessibilité programmée, obligatoire d’ici septembre 2015. Le prochain budget de mars va l’intégrer. L’enveloppe dédiée à ces travaux pour trois ans sera de 2 millions d’euros. » Dix-neuf bâtiments ont déjà été ciblés.

Le maire était en situation de cessité. De son côté, Martine Ansault Lecuona, adjointe en charge des handicapés était sur le terrain

La Ville va investir deux millions dans l’accessibilité