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Le magazine du Conseil Général parle de locomotion

06 Février 2014

UN PAS EN AVANT POUR LES MALVOYANTS (texte de l'article publié dans le magazine n°62 du Conseil Général 64 et reproduit avec leur aimable autorisation) Nouvellement en poste dans le département une instructrice en locomotion apprend aux personnes déficientes visuelles à se déplacer de manière autonome.

Cécile Jacob, instructrice en locomotion, apprend à cheminer avec la canne à  Véronique Ipinazar, déficiente visuelle
Il y a 10 ans, alors âgée de 47 ans, Véronique Ipinazar perd soudainement la plus grande partie de ses capacités visuelles. Sa vie change radicalement. Lors de ses premiers pas dans le monde extérieur, elle se cramponne à sa canne blanche. Deux entorses et une angoisse permanente n'entament en rien sa détermination. Elle est décidée à retrouver confiance et autonomie. Elle veut sortir. Véronique Ipinazar bénéficie aujourd'hui des conseils d'une instructrice en locomotion. Cécile Jacob est pour elle une aide précieuse. «Au bout de deux séances, je ressens déjà un grand confort », sourit Véronique Ipinazar.
En cet après-midi d'hiver à Ustaritz, elle répète la traversée d'un carrefour situé à quelques mètres de son domicile. Le trajet, qu'elle à l'habi¬tude d'emprunter, est dangereux. Suivant les recommandations de son instructrice, Véronique Ipinazar concentre son écoute sur les variations de régime des moteurs des voitures. Après plu¬sieurs passages de véhicules, elle est capable de déterminer si l'automobile qui la dépasse file tout droit ou tourne devant elle. En se fiant à sa seule oreille, elle traverse maintenant le carrefour. Une victoire.
« Il ne s'agit pas d'apprendre par coeur des trajets, explique Cécile Jacob. Nos techniques doivent être transposables. On développe des capacités à écouter, à ressentir, à toucher. Les séances successives ont pour objectif de comprendre l'environnement, de saisir les informations indispensables au déplacement sur des trajets familiers ou moins connus. » 
 
Véronique Ipinazar toujours avec détermination et sourire écoute les conseils avisés de Cécile Jacob, instructrice en locomotion
« Se déplacer ailleurs »
 
L'instructrice en locomotion apprend aux handi¬capés visuels à analyser une situation et à choisir la bonne option pour parvenir à se déplacer en sécurité. Comment, par exemple, obtenir d'une personne qu'on interpelle dans la rue, l'information précise qui permettra de traverser une route, de se repérer dans une gare ou un terminal de bus ? « Autant de choses qui nous paraissent anodines mais qui, pour d'autres, deviennent de gros obstacles », fait remarquer la jeune femme. Au-delà de la confiance retrou¬vée des handicapés visuels, c'est aussi tout leur entourage qui s'en trouve rassuré.
Éducatrice spécialisée de profession, Cécile Jacob a suivi une formation spécifique de 31 semaines au terme de laquelle elle a acquis les techniques et les stratégies de déplacement qu'elle transmet à ses élèves. Arrivée en septembre dernier, elle est la première instructrice en locomotion en poste dans les Pyrénées-Atlantiques. Au service de tous les adultes malvoyants du département, elle travaille également avec un service d'édu¬cation spéciale et de soins à domicile (Sessad). Géré par les Pep 64, ce Sessad prend en charge 19 enfants déficients visuels, de la naissance à 16 ans. Avant, les personnes qui souhaitaient apprendre à sortir seules devaient effectuer des stages à Bordeaux ou Toulouse. L'asso¬ciation départementale des déficients visuels 
C'est elle qui a milité pour un poste d'instructeur en locomotion dans le département. Pour son président, Pascal Andiazabal, « apprendre à se repérer dans Bordeaux quand on habite Bayonne n'avait pas beaucoup de sens ». « Le but est de circuler là où nous vivons, puis d'utiliser ces techniques pour se déplacer ailleurs. »
Les résultats sont rapides et ouvrent les portes d'une nouvelle autonomie. Lycéen de terminale S, Thomas Oliveira a perdu la vue il y a deux ans. Après huit séances de travail avec Cécile Jacob, il prend de nouveau le bus, seul.
 
Même la nuit, Cécile Jacob apprend à Véronique Ipinazar à se déplacerUne personne sur mille
 
En France, on recense une personne déficiente visuelle pour 1000 habitants. Dans les Pyrénées-Atlantiques, l'association Valentin-Haüy compte 400 inscrits. Il faut environ 40 heures de travail avec un instructeur en locomotion pour qu'une personne déficiente visuelle se rende autonome dans ses déplacements
 
Un poste cofinancé par le Conseil général
 
La création du poste d'instructeur en locomotion est le fruit d'un partenariat, placé sous l'égide du Conseil général, entre l'agence régionale de santé (ARS Aquitaine), la maison départementale des personnes handicapées (MDPH), les Pep 64 et l'association Valentin-Haüy. Rattaché aux Pep 64, ce poste est financé à part égale par le Conseil général et l'ARS. L'instruction en locomotion s'adresse aux enfants du Service d'éducation spéciale et de soins à domicile (Sessad) pour déficients visuels, ainsi qu'à toute personne adulte malvoyante qui en fait la demande à la MDPH
 
NDLR : Le texte de cet article est publié avec l'aimable autorisation du Conseil Général. Vous pouvez retrouver l'original sur le magazine n° 62 - février/mars 2014 - du Conseil Général des Pyrénées-Atlantiques.
Bientôt en téléchargement ici : Le magazine du CG64